Champions de père en fils

Alors que Mick Schumacher vient de faire ses premiers essais en Formule 1, retour sur ces pilotes champions de père en fils.

Etre le fils d’un champion du monde de Formule 1 ne vous garantit ni le succès, ni une carrière facile. Si cela peut vous ouvrir des portes et vous donner une prédisposition à aller vers le sport mécanique, ce n’est pour autant pas gagné d’avance. Tous les regards sont tournés vers vous et la pression est grande. Dans l’histoire du sport automobile, des nombreux duos pères/fils pilotes, seuls deux ont réussi à graver leur prénom sur la prestigieuse liste des champions du monde de Formule 1 : les Hill et les Rosberg. Un accomplissement loin d’être de tout repos

Atteindre la catégorie reine

C’est privé de son père que commence la carrière de Damon Hill. Son père, Graham, fut sacré deux fois champion du monde, en 1962 et en 1967. Ayant monté sa propre écurie pour continuer à courir malgré ses quarante ans passés, il revient d’essais privés quand le drame se produit : pilotant son jet personnel, il perd le contrôle de l’appareil et se crashe. Il est tué sur le coup, ainsi que les membres de son équipe l’accompagnant.

A 15 ans, Damon voit sa vie changer du tout au tout. Son père jugé responsable de l’accident, la compagnie d’assurance refuse d’indemniser les familles des victimes. Sa mère doit alors vendre tous leurs biens pour faire face et le jeune homme devient coursier pour payer ses études.

Cinq ans plus tard, il abandonne l’école et enchaîne les petits boulots. Avec l’argent gagné, il s’achète une modeste moto pour faire de la compétition. C’est sa mère qui le pousse vers l’automobile, jugeant la discipline moins dangereuse. Avec les couleurs de son père, il gravit petit à petit les échelons de la monoplace.

De son côté, Nico Rosberg connaît un parcours moins chaotique. Fils du champion du monde Keke Rosberg, il grandit dans un milieu privilégié, entre Ibiza et Monaco. Comme de nombreux pilotes de sa génération, il commence sa carrière enfant avec du kart. De là, il suit le parcours classique en Formule 3 et GP2, où il croise son futur coéquipier : Lewis Hamilton.

Remporter le championnat

Les deux fils commencent leur carrière dans la catégorie reine chez Williams, à deux périodes bien différentes. L’un signe à 31 ans au côté d’Alain Prost, dans ce qui est l’âge d’or de l’écurie. L’autre n’en a que 19, et arrive dans une équipe qui commence à décliner. 25 ans plus tôt, son père Keke faisait son entrée dans la même équipe, qui le mènera au titre en 1982.

Si Nico fait des étincelles dès sa première course, terminant 7ème malgré une 12ème place en qualification et un accrochage, le reste de sa carrière chez Williams est mitigée. Souvent victime de problèmes mécaniques et d’incidents, il ne peut montrer sa juste valeur.

Damon Hill connaît moins de problèmes. Après une première saison ruinée par les problèmes financiers de Brabham, son arrivée chez Williams lui change la vie. Aux côtés d’Alain Prost, il apprend et s’améliore à chaque Grand Prix. L’année suivante lui promet un autre mentor, Ayrton Senna. Le 1er mai, c’est le drame : le Brésilien se tue lors du Grand Prix de Saint-Marin. Comme son père à la mort de Jim Clark en 1967, Damon se retrouve propulsé premier pilote de la meilleure équipe du plateau. Au coude à coude avec Schumacher, une manoeuvre controversée de l’Allemand lors de la dernière course lui fait perdre le championnat. Après une nouvelle année de lutte avec son ennemi sportif, qui remporte le championnat, Hill pense abandonner la Formule 1.

Il revient tout de même en 1997. Malgré de bonnes performances, Franck Williams annonce à mi-saison que son contrat ne sera pas renouvelé. Cela ne décourage pas Hill, qui connaît sa meilleure saison. Avec huit victoires et dix podiums, le Britannique remporte le championnat du monde. Il est le premier fils de Champion du monde à être sacré. Il sera le seul pendant neuf ans.

En 2016, cela fait six ans que Nico Rosberg a signé chez Mercedes. D’abord coéquipier de Michael Schumacher, il est ensuite rejoint par Lewis Hamilton. Il trouve en lui son plus grand rival. En 2014, un changement de réglementation profite à Mercedes. Toute l’année, les deux pilotes s’affrontent. Le titre se joue à la dernière course. Vainqueur de la pôle position, des problèmes moteur l’empêchent de se battre. Il finit l’année en tant que vice-champion, un titre qu’il renouvelle la saison suivante. 2016, dix ans après son arrivée en Formule 1, Nico Rosberg réussit enfin à résister à son coéquipier et à lui ravir le titre de champion du monde. Ayant atteint son but, il part à la retraite.