Si Cal Worthington est inconnu des Français, son nom est bien ancré dans la pop culture américaine. Ses publicités ont marqué des générations entières de la côte Ouest des Etats-Unis. Et pourtant rien ne prédestinait ce vendeur de voitures à un tel succès.


La vraie passion de Cal Worthington, c’est l’aviation. Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, cet américain de 22 ans s’engage dans l’armée de l’air. Très doué pour les acrobaties aériennes, il obtient le poste de second lieutenant et s’embarque pour l’Europe. Il participe à vingt-neufs missions au-dessus de l'Allemagne, ce qui lui vaudra plusieurs médailles militaires.

Quand la guerre s’achève, il ne souhaite qu’une chose : devenir pilote de ligne. Mais voilà, il n’a aucun diplôme. Né dans une famille de neufs enfants, il grandit dans une extrême misère, ses vêtements sont fait à partir de vieux sacs de farine et il n’a souvent pas de chaussures. Il arrête alors l’école à treize ans pour travailler. Cette absence d’études l’empêche de réaliser son rêve, son grade de capitaine obtenu à la fin de la guerre n’y change rien.

Il doit donc trouver une occupation. Vivant désormais au Texas, il vend sa voiture pour s’acheter une station service. Celle-ci ne marche pas très bien, alors pour se faire un peu d’argent, il décide de vendre de vieilles voitures devant le bureau de poste de Corpus Christi. Il sert un discours bien rodé à tous ceux qui s’arrêtent pour récupérer leur courrier. Quand il arrive à faire 500$ de bénéfices en une semaine grâce à trois ventes, il réalise qu’il est vraiment doué et décide d’en faire sa carrière.

Succès

En 1949, Cal Worthington déménage en Californie. Il y installe une concession où il vend des voitures Hudson Motor. Le terrain ne coûte pas cher, mais sa localisation n’est pas très bonne. Il a alors l’idée de faire de la pub à la télévision et à la radio pour attirer des clients.

Il commence par acheter des programmes de trois heures sur une chaîne de Los Angeles. Le samedi et le dimanche, Cal’s Corral, une émission de musique country, est diffusée en direct.

Dans les années 70, plusieurs chaînes de Los Angeles remplissent leurs plages nocturnes avec de vieux films. Cal Worthington saisit l’opportunité et toutes les coupures publicitaires lui reviennent.

De nombreux clients sont séduits par ces publicités, lui permettant de trouver le succès et d’étendre son business sur toute la côte ouest, de la Californie à l’Alaska.

Spot the dog

Dans les années 60, Chick Lambert, un de ses concurrents, se met en scène dans des spots publicitaires. Dans ceux-ci, il présente toujours son chien Storm, souvent allongé sur une des voitures.

La réponse de Worthington ne se fait pas attendre. Il parodie ces publicités en commençant les siennes par “Voici Cal Worthington et son chien Spot”. Mais Spot n’est jamais un chien. Le commercial s’affiche avec des animaux exotiques prêtés par des cirques locaux : un tigre, une otarie, un éléphant, un hippopotame et bien d’autres encore.

A ces surprenants figurants s’ajoute une musique impossible à oublier. Sur un air populaire, il rajoute ses propres paroles : “Si tu veux une voiture, va chez Cal. Si tu veux économiser de l’argent, va chez Cal”. Il enregistre lui-même la chanson avec l’aide d’un ami musicien.  

Medley des pubs Go See Cal

Ces publicités ont inscrit Cal Worthington dans la culture populaire des Etats-Unis. Plus d’une vingtaine de films y font référence, soit en les parodiant soit en invitant leur créateur à faire de la figuration. Le jeu World of Warcraft a même un personnage lui faisant référence, Kall Worthaton, qui lui aussi vend des véhicules.

Celui qui aurait eu 98 ans aujourd’hui n’a jamais possédé de voitures, se contentant d’emprunter celles de ses concessions. “Je n’ai jamais vraiment aimé la vente de voitures. Je me suis un peu retrouvé coincé après la guerre. Je n’avais pas de compétences pour faire autre chose. Je voulais juste voler” disait Cal Worthington en 2007.