Le 26 octobre 1997, Jacques Villeneuve devenait, à Jerez en Espagne, le premier Canadien de l'histoire à être sacré champion du monde de Formule 1.


Que serait le sport canadien sans la famille Villeneuve ? Le père, Gilles et le fils, Jacques ont tous deux marqué l'histoire de la Formule 1. Le premier, de par son style spectaculaire et sa tragique destinée, le second, parce qu'il a réussi là où son géniteur a échoué. Il y a 21 ans, Jacques inscrivait le nom "Villeneuve" au palmarès de la discipline mère du sport automobile.

Nous sommes en octobre 1997, le 26 plus exactement. Au départ du Grand prix d'Europe, ultime course de la saison qui se déroule sur le circuit de Jerez (Andalousie), Jacques Villeneuve, pilote Williams-Renault (77 points), deuxième du championnat, ne compte qu'un petit point de retard sur le leader, Michael Schumacher, pilote Ferrari (78 points), déjà double champion du monde. Le constat est simple : celui qui termine devant l'autre grimpera sur le toit du monde.

Un crash historique

A la veille du dénouement, Villeneuve et Schumacher se tirent déjà la bourre. Chose assez rare, ils réalisent, avec Heinz-Harald Frentzen, le même temps lors de la séance de qualifications (1'21''072). Premier à réaliser ce chrono, c'est finalement le Canadien qui partira en pôle position. Les hostilités sont lancées. Ils ne le savent pas encore, mais dès le lendemain, Villeneuve et Schumacher vont se livrer une bataille qui restera dans les annales.

En 2017, Jacques Villeneuve raconte dans les colonnes de Ouest-France : "Après dix-sept courses, tout s'est joué sur un tour, sur une seule action...". Et quelle action... Comme prévu, le duel tant attendu a lieu. Les deux hommes sont au coude à coude. Après avoir manqué son départ, le pilote Williams-Renault se retrouve derrière le pilote Ferrari. Au tour 48, Villeneuve tente un dépassement par l'intérieur. "Schumi" est battu, il donne un coup de volant. Les deux monoplaces rentrent en collision : "Il s'est rendu compte qu'il allait perdre le championnat explique Villeneuve à Ouest-France, je comprends son geste. J'ai juste été surpris qu'il ne me ferme pas la porte plus tôt ".

Schumacher fini sa course dans le bac à sable en essayant de bloquer Villeneuve lors du Grand Prix d'Europe 1997. Ce geste lui vaudra une disqualification du championnat.

Finalement, la Williams-Renault passe, tandis que la Ferrari est propulsée dans les graviers. Schumacher abandonne. Il sort de sa voiture et monte sur le muret qui entoure le circuit. Cette attitude surprend le futur champion du monde : "Normalement, quand on a un accident, on part de sa voiture et c’est tout. Lui n'a pas fait ça, il s'est mis sur le muret, et nos regards se sont croisés au tour suivant. C'était un moment humain hyper court mais très fort. Ça a duré un dixième de seconde mais j'ai l'impression que ça a duré une éternité ".

Le sacre !

A vingt-et-un tours de l'arrivée, Jacques Villeneuve est en tête. Michael Schumacher le sait, le titre vient de lui échapper. Désormais, plus rien ne peut arrêter le Canadien. Dépassé dans les derniers tours de la course par Mika Häkkinen (FIN) et par David Coulthard (SCO), il termine troisième du Grand Prix d'Europe et empoche quatre pions au classement général.

Avec un total de 81 points, il gagne le championnat du monde de Formule 1 1997 et devient ainsi le premier Canadien à remporter ce titre. Dès son entrée dans les stands, Jacques Villeneuve est accueilli en héros. Alors qu'il avance vers le podium au volant de sa monoplace, une haie d'honneur se forme. Tout le monde l'acclame, équipe et adversaires : "On se dit que c'est la raison pour laquelle on est né, pour laquelle on a été mis sur terre… Moi, ça avait été toute ma vie jusque-là " se souvient-il, toujours pour Ouest-France. S'il avoue "ne jamais avoir roulé pour son père", quinze ans après sa mort, Jacques ne pouvait pas lui rendre un plus bel hommage.

Jacques Villeneuve sabre le champagne.