Le championnat du monde de Formule 1 2018 touche à sa fin. Si Hamilton a de grandes chances de gagner aujourd’hui, Vettel peut encore garder un espoir. Quelle que soit l’issue de cette saison, un pilote gagnera son cinquième titre de champion du monde. Un exploit seulement atteint par Michael Schumacher et Juan-Manuel Fangio. Il y a 67 ans aujourd’hui, ce dernier remportait son premier titre.
Nous sommes le 28 octobre 1951, le deuxième titre de Champion du Monde de Formule 1 de l’Histoire va se jouer aujourd’hui, au Grand Prix d’Espagne. Sur le circuit de Pedralbes à Barcelone, la tension est à son comble. Seuls deux points séparent l’Argentin Juan-Manuel Fangio (Alfa Romeo) et l’Italien Alberto Ascari (Ferrari).
L’histoire semble se répéter pour l’Argentin. Lors du premier championnat du monde Formule 1 l’année précédente, il était en passe de devenir champion lorsque, lors de la dernière course, sa voiture est tombée en panne, donnant le titre à son coéquipier Giuseppe Farina. Cette fois-ci, il ne veut pas laisser passer sa chance. Si les Alfa Romeo dominaient le championnat de 1950, cette année les Ferrari sont devenues de sérieuses concurrentes en gagnant les trois dernières courses. La victoire est tout sauf assurée.
Dans les six semaines qui ont séparé le Grand Prix d’Italie et la phase finale du championnat, Alfa Romeo a travaillé d’arrache pied pour apporter des évolutions à ses voitures. Des courses d’entraînement ont même été menées à Monza. Du côté de Ferrari, Ascari se sent en confiance : les succès des dernières courses et sa première victoire en 1950 sur ce même circuit lui donnent l’avantage.
Lors des qualifications, les deux pilotes mènent un rythme incroyable. C’est finalement Ascari qui prend la pôle position, améliorant son temps de seize secondes par rapport à sa pôle position de l’année précédente. Fangio se place deuxième, à 1,68 seconde de l’Italien.
Stratégie de course
Devant 300 000 spectateurs, dix-neufs voitures s’alignent sur la grille. La course démarre, Ascari est en tête, Farina et Fangio suivent. Celui-ci attend le troisième tour pour s’attaquer à son coéquipier et s’emparer de la deuxième place.
Désormais proche d’Ascari, l’Argentin pense rester dans son sillage pour ménager sa voiture. Soudain, il s’aperçoit que les pneus de son concurrent ne supportent pas cette chaleur. Normalement, les Ferrari ne doivent faire qu’un arrêt au stand, contre deux pour les Alfa Romeo, grâce à leurs réservoirs d’essence plus grands. Mais vu l’état de dégradation que présentent déjà les pneus d’Ascari, Fangio sait qu’ils ne pourront pas rester sur cette stratégie.
Il décide alors d’attaquer l’Italien et prend la tête dès le quatrième tour. Il sait que ses pneus tiendront le choc, il continue alors sur un rythme soutenu pour creuser l’écart. Sa stratégie paye. Les Ferrari connaissent de nombreux problèmes pneumatiques et Ascari doit faire un premier arrêt dès le neuvième tour. Il en reste encore soixante et un.
Fangio s’approche du titre. Il gère son allure et maintient son écart sur Farina. Il peut même faire ses deux ravitaillements sans risquer sa position. Seule perturbation durant sa course, le pilote André Simon part en tête à queue devant lui, mais il réussit à l’éviter sans dommages. Il passe la ligne d’arrivée avec une minute d’avance sur son compatriote González, Giuseppe Farina montant sur la troisième place du podium. Ascari, lui, termine la course quatrième, avec deux tours de retard sur le désormais champion du monde.
Juan-Manuel Fangio remporte ainsi son premier titre, le premier d’une série de cinq. Un nombre seulement égalé par Michael Schumacher en 2003 et par celui qui sera vainqueur du championnat du monde 2018.