Le 20 novembre 1903 disparaissait Gaston Chasseloup-Laubat, un homme aux avant-postes du sport automobile.
Sa vie est en filigrane de tous les grands évènements du début de l’automobile. Les premières courses ? Il est là. Les premiers records de vitesse ? Il est encore là. Le premier club dédié à l’automobile ? Il est toujours là.
Fils d’un ministre de Napoléon III et d’une Américaine, il s’intéresse de près à l’aventure automobile. En 1895, il participe à la première course de vitesse, le Paris-Bordeaux-Paris, à bord d’une De Dion-Bouton à vapeur. Il participe également au Paris-Marseille-Paris de 1896 et au Marseille-Nice-La Turbie de 1897, qu’il gagne. Deuxième de la première course de côte Nice-La Turbie, il se classe troisième du premier Tour de France automobile de 1899.
Un homme pressé
Si son nom est resté dans l’histoire, c’est parce qu’il est le premier à avoir établi un record de vitesse sur terre. Pour mesurer sa rapidité, le pilote doit conduire sa voiture sur une distance d’un kilomètre. Le temps est alors relevé et ramené à l’heure.
Ce 18 décembre 1898 à Achères dans les Yvelines, il atteint les 63,158 km/h. Une vitesse alors incroyable quand on pense qu’à peine quatre ans plus tôt, durant la première course automobile de l’histoire, les pilotes enregistraient une moyenne de 12 km/h.
Pendant les mois qui suivent, il se tire la bourre avec Camille Jenatzy, chacun améliorant le record de l’autre. Finalement, c’est ce dernier qui a le dernier mot. A bord de sa Jamais Contente, il est le premier à dépasser les 100 km/h. Chasseloup-Laubat s’avoue vaincu et ne tente plus de battre ce record.
Un homme décoré
Pour autant, il ne quitte pas le sport automobile. Membre fondateur de l’Automobile Club de France, il aide à l’organisation de courses, comme le Paris-Amsterdam-Paris ou le Tour de France Automobile. Passionné d'ingénierie et de mécanique, il publie plusieurs écrits techniques. Pour ses actions de promotion de l’automobile, il reçoit la Légion d’Honneur en 1900.
Il décède alors qu’il n’a que 37 ans, des suites d’une lourde maladie qui l’a laissé alité pendant des mois. Endeuillé, Georges Prade écrit dans l’Auto : “Il ne faut pas que son souvenir périsse en dehors des esprits et des coeurs : il faut qu’il lui survive et que sa tête fine et fière nous sourie encore dans les salons du club qu’il anima de sa vie ; il faut qu’il assiste encore aux débats de cette Commission sportive dont il fut le cerveau.”