Le 29 novembre 1975, Graham Hill, double champion du monde de F1, disparaît dans un accident d’avion. Parmi les victimes, un jeune talent du sport automobile.
Il n’est pas loin de minuit quand des radios annoncent la nouvelle. Plus tôt dans la soirée, un avion privé en provenance de Marseille s’est écrasé près de l’aérodrome d’Elstree, au Nord-Ouest de Londres.
Dès le lendemain, l’histoire fait la une de la presse britannique : le double champion du monde Graham Hill était au commande de l’avion. Aucun des passagers n’a survécu. Parmi eux, Tony Brise, jeune espoir de la Formule 1.
Un nouvel espoir
Les chemins de Graham Hill et Tony Brise se croisent un peu plus tôt cette année-là. Brise est un jeune pilote à qui Williams a donné sa chance en Formula Atlantic. Son talent apparaît déjà. Pour Williams “c’était évident que ce garçon avait quelque chose de spécial.”
Hill quant à lui est sur la fin de sa carrière. Champion du monde de F1 en 1962 et 1968, il possède sa propre écurie. Cela fait plusieurs saisons qu’il n’a pas gagné, mais il s’en fiche : “je sais parfaitement que je ne gagnerais plus de grand prix, mais j’aime toujours autant conduire. C’est ce qui est génial quand on possède sa propre écurie, on peut se signer pour aussi longtemps qu’on veut”.
En mai, Graham Hill annonce pourtant qu’il se retire de la compétition. ll va désormais mettre toute son énergie à diriger son écurie. Brise en sera le pilote star.
La première impression que le jeune pilote laisse à l’équipe n’est pas bonne. “Il est arrivé avec trois heures de retard, un air confiant sur le visage” se souvient Ian Flux, jeune mécanicien à l’époque. ‘Il ne s’est même pas excusé, c’est ce qui nous a le plus énervé.” Venu pour mouler son baquet, les mécaniciens en profitent pour lui retourner la monnaie de sa pièce. Ils le laissent coincé dans la mousse absorbante pendant qu’ils vont déjeuner au pub du coin.
Si Brise peut sembler arrogant aux premiers abords, il finit par se faire adopter par son équipe : “tout le monde s’entendait très bien avec Tony. Il était très gentil, le genre de gars qui se fait apprécier.” se rappelle Jerry Bond, un mécanicien.
Sa voiture l’empêche de réaliser de bons résultats, mais tout le monde s’accorde à dire que le pilote est doué. Il faudra garder un œil sur lui à l’avenir. Après un dernier Grand Prix décevant, il a hâte d’essayer la voiture qu’il conduira la saison suivante.
Le drame
C’est ainsi qu’il se retrouve fin novembre sur le circuit Paul Ricard avec cinq membres de l’écurie Embassy-Hill. Il y a Graham Hill bien sûr mais aussi Andy Smallman qui a dessiné la nouvelle voiture et le Team-Manager Ray Bimble. Tony Allcok et Terry Richards, des mécaniciens chevronés, complètent la bande. Ils sont tous enthousiastes. Les tests se passent bien, la voiture semble bonne, un pilote prometteur va la conduire et le contrat de sponsoring avec Embassy a été signé. 1976 sera leur année.
Mais comme souvent, le destin en décide autrement. Après les essais, ils rentrent en Angleterre à bord de l’avion de Graham Hill, qu’il pilote lui-même. Un fort brouillard réduit la visibilité au-dessus de Londres, la situation ne cesse d’empirer. Hill tente toute de même une approche plutôt que de se dévier vers un autre aéroport.
Le pilote confond les lumières du golf local avec celle de l’aérodrome d’Elstree, situé six kilomètres plus loin. L’avion frôle des arbres avant de s’y encastrer. Les passagers sont tués sur le coup.
La nouvelle fait la une de tous les médias, Graham Hill étant l’une des personnalités anglaises les plus connues de l’époque. Son fils Damon suivra ses traces, remportant le championnat du monde en 1996.
Tony Brise, comme de nombreux pilotes de l’époque, ne pourra jamais prouver son talent. Son coéquipier Alan Jones résume l’avis de tous : “il était très talentueux, il avait un vrai don. Je n’ai absolument aucun doute sur le fait qu’il allait devenir un champion du monde.”