C’est un projet pharaonique qui fait le tour du web. La Ceinture trans-eurasiatique baptisée "Superhighway" - super autoroute - par les américains, propose de relier, par la route, New York à Londres en passant par la Russie. Une idée folle, difficilement réalisable.


La plus grande autoroute jamais construite et la première à connecter deux continents séparés par un océan. Voila l’idée du russe Vladimir Yakunin, présentée à l'Académie des sciences de Russie en mars 2015. Il était alors encore Président de la Compagnie des Chemins de fer russes avant de quitter son poste à la suite de scandales politiques.

Le méga projet, à plusieurs milliards de dollars, consiste à faire une route géante, séparée en plusieurs sections.

La première unie New York à l'Alaska, en passant par le Canada. Ce qui équivaut à la construction d'une route de 800 kilomètres dans des zones extrêmement montagneuses. La deuxième section consiste à traverser le détroit de Béring pour arriver en territoire russe. Elle se poursuit jusqu'à la frontière européenne.

Plusieurs milliers de kilomètres, sur plusieurs territoires, qui peuvent, selon Yakunin, permettre de lever "l'obstacle au développement économique, scientifique, moral et spirituel de la société".

«Il s’agit d’un projet inter-États, inter-civilisation. Cela doit représenter une alternative au modèle actuel, néolibéral, qui a provoqué une crise systémique. Le projet doit transformer le monde, et être basé sur des technologies de pointe."

Cependant, la construction de cette route "interminable" obligerait à faire plusieurs concessions diplomatiques, notamment concernant le passage du détroit de Bering.

La frontière de glace

Contrairement aux idées reçues, seuls 3,80 kilomètres séparent le Petit Diomède, qui dépend aux États-Unis, du Grand Diomède qui fait partie de la Russie. Unique point commun aux deux îles, elles appartiennent au même archipel.

Les îles sont divisées par la "ligne de changement de jour" qui cause un décalage horaire de 21h entre l’une et l’autre. Pour cette raison, la Grande Diomède est appelée "l'île de demain" et la Petite Diomède, "l'île d'hier".

La construction d'un lien entre les deux îles est en discussion depuis plusieurs années. L'hypothèse d'un tunnel a déjà été mentionnée, à l'image du tunnel sous la Manche, mais le projet le plus populaire consiste à construire un pont. Son nom, "Pont Intercontinental de la Paix", est fort à propos, puisque l'histoire entre la Russie et les États-Unis est loin d’être simple.

Quand, en 1867, les États-Unis signent l'achat du territoire de l'Alaska à l'Empire Russe, les deux nations utilisent ces îles pour délimiter les frontières . Un siècle plus tard, au plus fort de la Guerre froide, les îles prennent le surnom de "rideau de glace". Pendant cette période de tension entre les deux puissances, les deux îlots sont le théâtre d'une anecdote historique. La nageuse Lynne Cox traverse le détroit qui sépare les deux Diomèdes.  Cet acte symbolique est salué par Mikhail Gorbatchev, alors dirigeant de l'URSS, et Ronald Reagan, Président américain.

Depuis 2012, la côte russe du détroit de Béring est une zone militairement fermée.
Gare aux voyageurs non autorisés, et ce même munis de visa. Ils peuvent être arrêtés, brièvement emprisonnés, condamnés à une amende ou expulsés et interdits de futurs visas.

La "super-autoroute" est donc un projet difficilement réalisable dans un futur proche.