Parce que tu as marqué mon enfance, tu méritais bien un petit hommage. Lettre ouverte à ma Ford Sierra.


 " Chère voiture,

Petit, je te voyais comme une voiture d’exception. En fait, je pensais que mon père était la seule personne à te posséder. Ah, la naïveté. Il faut dire qu’à l’époque, je n’en croisais pas beaucoup des comme toi. Ton allure élancée, tes vitres électriques, ta couleur blanc immaculé, tes pare-chocs noirs et ta forme archi-carrée… C’est sur tes sièges en velours gris que j’ai découvert les plaisirs de l’automobile.

C’est même à ton bord que j’ai fait le plus long trajet de ma vie : Toulon-Paris, ses 845 km et ses plus de huit heures de route. C’était en juin 1998. J’avais deux ans. Tu en avais six.

Bon, pour tout avouer, mes souvenirs de ce périple sont vagues, très vagues. Mais tes propriétaires me l’ont souvent raconté. Ah, ces deux-là… Ils t’en ont fait baver. C’est d’ailleurs grâce à toi que ma mère a appris à conduire, quelles souffrances tu as dû endurer !

Tiens, ça y est ! La mémoire me revient. Rappelle-toi quand nous sommes restés bloqués dans un parking à cause de tes formes trop volumineuses. Tu n’étais pourtant pas bien grosse mais tellement encombrante… Je me souviens d’un soir, où tu es rentrée toute cabossée. Une aile gauche si parfaite, abîmée contre un mur d’une petite place de village. Quel gâchis !

Bref, on en a connu des choses ensemble. Tu as accompagné mes étés, mes hivers, mes longs trajets sur les routes sinueuses et mes escapades à la mer. Nous nous sommes côtoyés pendant six petites années et depuis que je suis loin de toi, je suis comme loin de moi… J’avoue, je m’emporte, mais quand même ; je me questionne : Où es-tu, quand tu es loin de moi ? Que fais-tu, est-ce que tu penses à moi ? "