La 206 serait-elle éternelle ? Elle refuse en tout cas de mourir en Iran, même si elle n’a plus de liens directs avec Peugeot !
Il n’est jamais facile de prendre la suite d’une icône. Quand la 206 débarque en 1998, elle doit faire oublier une 205 qui a durablement marqué les esprits. Un défi complexe donc, qui sera pourtant relevé avec panache. Joliment dessinée, polyvalente, plaisante à conduire, la 206 vise juste et rencontre immédiatement un beau succès. Lorsqu’elle tire sa révérence, elle peut s’enorgueillir d’être la Peugeot la plus vendue de l’histoire, avec près de 8,4 millions d’exemplaires sortis des chaînes de production.
La Peugeot 206 était très populaire en France, mais son histoire s’est aussi écrite à l’international, dans des pays parfois lointains. Entre 2006 et 2010, les Malaisiens avaient par exemple leur propre 206, la 206 Bestari. La voiture était produite sous licence par le distributeur local Naza, qui l’exportait aussi dans d'autres pays de la région. La 206 eut également une aventure chinoise entre 2006 et 2013, mais là-bas, elle s'appelait C2 et était commercialisée par Citroën ! Malgré le double chevron sur la calandre et d'autres modifications esthétiques assez significatives, un œil averti devinait immédiatement les origines de la voiture.
Une 206 iranienne qui s'affranchit de Peugeot
Les expériences chinoise et malaisienne sont restées plutôt marginales, avec des ventes modestes dans les deux cas. Le bilan est en revanche tout autre en Iran, où la 206 a connu un succès durable... et une vie ponctuée de rebondissements !
Avant de commercialiser la 206 sur ce marché, Peugeot l'a adaptée aux besoins des automobilistes locaux, avec l'aide de son partenaire Iran Khodro (IKCO). C’est ainsi que la 206 iranienne s'est vue greffer une malle à l’arrière, qui l’allonge de 35 cm. Le volume de coffre augmente ainsi fortement, au prix d’une silhouette quelque peu déséquilibrée.
La 206 Sedan est produite sous licence par IKCO à partir de 2001, avec donc l’assentiment de Peugeot. Mais en 2012, la firme tricolore est contrainte de mettre les voiles. Une décision imposée par l’américain General Motors, avec lequel PSA, la maison mère de Peugeot, venait de s’allier. Pour Iran Khodro, les voitures de son ancien partenaire se vendent trop bien pour les abandonner. La production de la Runna (version modernisée de la 206 Sedan, lancée en 2010) se poursuit donc avec des pièces locales et chinoises, en dehors de tout accord avec Peugeot. La 405, qui rencontre elle aussi un beau succès dans le pays, connaît alors le même sort.
Peugeot ne dit rien, même si on peut imaginer que ces contrefaçons ne lui ont pas franchement plu. Le constructeur français souhaite maintenir des relations cordiales avec IKCO, en vue d’un éventuel retour en Iran au moment opportun. Une attitude récompensée par la suite puisque en 2016, la levée des sanctions internationales à l’encontre du régime de Téhéran lui permet de revenir aux affaires. Avec IKCO, Peugeot ambitionne alors de produire 200 000 voitures sur place par an. Hélas, la situation géopolitique va une nouvelle fois contrarier ses ambitions. En 2018, les Etats-Unis prennent des mesures contre l’Iran et menacent de sanctionner les entreprises étrangères qui ne quitteraient pas le pays. Peugeot n’a d’autres choix que de faire ses valises une deuxième fois.
Toutes ces péripéties n’ont pas empêché la Runna de poursuivre sa route en Iran, où elle est toujours commercialisée. Récemment, la 206 iranienne a même ouvert un autre chapitre de son histoire en Tunisie. Avec l'accord d'Iran Khodro, le constructeur local Wallys la produit depuis 2022 à partir de kits, pour la vendre sur son marché domestique sous le nom de Whallys 719 !