La tendance néo-rétro semble connaître un succès croissant. Mais pourquoi les constructeurs replongent-ils soudainement dans leur passé ?

Renault est en train de redécouvrir sa riche histoire. D'ici 2025, la marque au Losange prévoit de relancer deux de ses modèles historiques : la R4 et la R5. L'idée n'est pas juste de reprendre un patronyme connu, mais bien de vendre une voiture qui évoque le modèle original dès le premier coup d'œil. Par la suite, la Twingo fera elle aussi un bond dans le passé, en revenant à des formes très proches de celles de la première génération.

Un pari déjà tenté... avec plus ou moins de succès

Si ce goût pour le patrimoine est relativement nouveau chez Renault, la tendance néo-rétro existe depuis de nombreuses années déjà. Dès 1998 par exemple, Volkswagen lançait une New Beetle très clairement inspirée de la Coccinelle. Le bilan de l'expérience fut globalement mitigé : après un départ en trombe, les ventes s'essoufflèrent doucement mais sûrement au fil du temps. Renouvelée à deux reprises, la voiture fut finalement retirée du catalogue en 2019.

Volkswagen a depuis tenté un nouveau coup avec l'ID.Buzz, un van électrique pensé comme un Combi des temps modernes. Le modèle ayant été lancé en 2022, il est encore un peu tôt pour tirer un bilan définitif mais, d'un point de vue commercial, les résultats semblent pour l'heure en demi-teinte.

Le groupe BMW fait également figure de précurseur dans le domaine du néo-rétro. Au début des années 2000, il décide de commercialiser une nouvelle Mini en s'inspirant du modèle original. La suite de l'histoire est connue : le succès fut immédiat et Mini devint progressivement un constructeur à part entière, déclinant le même thème esthétique sur des modèles de différents gabarits.

En 2007, Fiat s'engouffre à son tour dans la brèche avec sa nouvelle 500. Là encore, la réussite fut totale et les ventes dépassèrent largement les prévisions de la marque. Alors que le cycle de vie "normal" d'une voiture est d'environ 7 ans, la citadine italienne a entamé en 2024 sa dix-huitième année de commercialisation. Elle est épaulée depuis 2020 par une 500 électrique plus moderne mais très proche sur le plan esthétique. Pour l'anecdote, sachez que le projet de revival de la 500 est attribué à un certain Luca de Meo. Oui, celui-là même qui occupe le poste de directeur général chez Renault depuis 2020 !

On pourrait aussi parler de ceux qui semblent hésiter à s'engager sur la voie du néo-rétro. Citroën par exemple dévoilait en 2009 la Revolt, un concept de citadine clairement inspiré de la 2CV. Depuis, plus rien... Quelques années plus tard, Peugeot rendra hommage à la 504 avec la E-Legend qui, malgré les réactions enthousiastes, ne sera pas commercialisée. Plus récemment, Opel a présenté une version modernisée et entièrement électrique de la première Manta. Là encore, le projet est resté sans suite.

L'industrie auto en panne d'inspiration ?

On pourrait voir dans ce goût pour l'ancien un manque d'inspiration de la part des constructeurs. Mais au fond, dessiner une nouvelle voiture en s'inspirant d'un modèle plus ancien reste un défi extrêmement complexe à relever. Sur certains aspects, c'est peut-être même plus dur que de partir d'une feuille blanche.

Et si au fond, le néo-rétro n'était rien d'autre qu'un remède pour rendre nos voitures modernes plus excitantes ? Alors que la Zoé n'évoquait rien de particulier aux automobilistes, la R5 qui la remplacera aura ce petit supplément d'âme qui la rendra peut-être plus désirable. Le design a toujours été déterminant dans le succès d'une voiture. A l'heure de la grande uniformatisation technique induite par l'électrique, ce critère va devenir encore plus prépondérant.